mercredi 17 mars 2010

Presse - Actu04 - le 17/03/2010

"Le loup des Hautes Plaines" rattrapé par ses proies

Pour ce dernier jour d’audience, Herpin a gardé la même technique de défense : noyer le poisson. Dès l’ouverture des débats, la question s’est posée, celle des renseignements opportuns qu’obtenait le prévenu sur les cessions de fonds de commerces. Son opposition arrivait toujours dans les délais sans que quelconque publication n’ait été diffusée par les organismes accrédités. C’est l’avocat d’une commerçante de la région parisienne qui a mis la lumière sur ces pratiques : « Il a organisé un système de veille, je veux qu’il nous le donne ! » lance Maître Beddouk. Comme à son habitude depuis lundi, Herpin ne répondra pas.

Le génie, l’ingéniosité ou l’audace ont été relevés par la majorité des avocats des parties civiles. 188 instances ont été déclenchées par le prévenu « ce qui représente un coût social de plusieurs millions d’euros » selon Me Beddouk, avocat du barreau de Versailles . « La petite entreprise qui roulait bien », selon cette avocate albigeoise, était présentée selon Me Elghozi « à l’aide de manœuvres sous des apparences trompeuses ». Pour l’avocat de Saint-Brieuc qui représente 52 parties civiles, l’escroquerie est caractérisée par son aspect malicieux « de dépôt-piège » : « Un prédateur » à l’origine d’une « escroquerie vulgaire et brutale basée sur un faux ». Pour Maître Vahramian du barreau de Lyon, « il faut relever la douleur de voir Herpin se pavaner en Porsche et rentrer chez lui dans son domaine de 28 hectares des Hautes Plaines près de Mane. » Selon Maître Beddouk « il n’est pas moins condamnable que des braqueurs armés de pistolets en plastique et qui en prennent pour 5 ou 10 ans. Sous peine de produire une justice de classe. »

Le Procureur de la République retient trois niveaux d’analyse : l’escroquerie, l’opposition à cession de fonds de commerces et la production de faux en justice. Là où Me Vahramian évoquait « le loup des Hautes Plaines », le chef du Parquet invoque la « nocivité de Herpin qui s’attaque à tout ce qui bouge… et même à ce qui ne bouge pas ! »Il requiert 5 ans de prison dont 30 mois avec sursis mise à l’épreuve et obligation de rembourser les victimes ainsi que 25 000 euros d’amende. A l’encontre de Mélanie Lempereur qui a refusé de répondre aux questions du juge Brunet, il reconnaît la complicité et demande la requalification. Il requiert la relaxe partielle pour les cas autres que les 17 pour lesquels elle est poursuivie, et deux ans de prison avec sursis.

Du côté de la défense, « on peut reprocher à Mélanie Lempereur le dol civil constitué par le mensonge, ce dernier étant insuffisant pour qualifier l’escroquerie ». L’avocat aixois a relevé l’effet de groupe induit par la formation de l’association La perle rare, argument partagé par la défense de Herpin : « De la force de la suggestion à la force de conviction, il n’y a qu’un pas » souligne l’avocate. Selon elle, il ne peut s’agir que de la « négligence des commerçants aptes à comprendre les termes du contrat proposé par Monsieur Herpin : que les commerçants aient pu engager leur société sur une signature : c’est possible. » Quant aux faux produits devant plusieurs juridictions, « il faut apprécier les expertises d’une manière relative. » Elle plaide la relaxe au bénéfice du doute.

Herpin, a qui la parole a été donnée en dernier a avancé "la complexité des débats" : « Nous, on n’a jamais compris tout ça. »

L’affaire a été mise en délibéré au 12 mai.

Anita Canto

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